Artistes invités, prochain récital

* Marion André - dimanche 4 juin 2017 à 17h

Une jeune organiste talentueuse, Marion André, viendra ce dimanche faire sonner le grand-orgue  Cavaillé-Coll de Saint-Augustin dans un programme symphonique tout à fait adapté à la splendeur de cet instrument.

 

Vous pourrez écouter ainsi de Widor : trois brillants extraits de sa 5ème symphonie, de Duruflé le Prélude et fugue sur le nom d’Alain, une œuvre jubilatoire à la mémoire de son ami mort à la guerre, le tendre Prélude fugue, variation de Franck et la grandiose et véhémente incantation improvisée par Tournemire sur le « Victimae pascali » que Maurice Duruflé reconstitua.

Un programme exceptionnel que je vous recommande...

 


Histoire de l'orgue

En préparation... Patience !

Les organistes et maîtres de chapelle

Il y a une grande histoire musicale dans l'église Saint-Augustin.

Depuis Eugène Gigout, ci-contre, entre deux suisses, jusqu’à maintenant.

J'évoque ci-dessous les compositeurs et organistes dont la mémoire est attachée à Saint-Augustin.

Je ne connaissais guère Eugène Gigout (1844-1925) avant d’être appelé par le Père Denis Metzinger, curé de la paroisse, à être l’un de ses successeurs au grand-orgue de Saint-Augustin. Mon répertoire était plutôt tourné vers la musique dite ancienne, la musique postérieure   « romantique » que l’on pouvait décemment jouer sans honte c’était Franck, Vierne, etc. les autres étaient suspects de facilité, de qualité d’inspiration assez basse…
Gigout se réduisait à sa seule Toccata, c’était bien le méconnaître. La virtuosité n’est sans doute pas la qualité prépondérante à mettre en avant pour parler d’un compositeur, mais il y a là un jeu subtil de difficulté à maîtriser au service d’une éloquence. A ce jeu Gigout est un maître, toutes ses compositions ne suscitent peut-être pas le même intérêt, mais quatre pièces sont vraiment exceptionnelles : la toccata, bien sûr, mais aussi le scherzo et le grand chœur dialogué, et dans un registre plus apaisé le minuetto. Je recommande à chacun de jouer ces pièces, dans lesquelles une des particularités vraiment spécifique de Gigout se dévoile : son sens du mètre, de la carrure qu’il semble prendre plaisir à contraindre. Cela rend pour une bonne part sa musique complexe, ce qui à l’audition ne se perçoit pas. Mais pour qui la maîtrise, quelle joie, un peu comme de parvenir à jongler à 5 balles, puis 6 puis… Voici un lien passionnant : http://www.musimem.com/gigout.htm

Jean Huré (1877-1930), une personnalité très intéressante de l’orgue français dans la première partie du XXème siècle. Son ouvrage « L’Esthétique de l’orgue » réédité dans la collection Eroïca est remarquable, ne serait-ce que pour celui-ci son nom ne doit pas être oublié. Il laisse trois pièces pour orgue (la première en date est aussi pour harmonium), dont l’une pleine de caractère est malheureusement tout à fait inadaptée à l’orgue dont il devint ensuite le titulaire à Saint-Augustin. Il la composa avant d’y accéder ceci explique sans doute cela. L’harmonie douce et chatoyante de sa «Communion sur un Noël» est une des rares expressions françaises d’impressionnisme à l’orgue, avec des registrations très subtiles. J’imagine pour ma part que si Debussy avait écrit pour l’orgue cela aurait pu ressembler à cette œuvre. De Debussy à l’orgue je ne sais que ceci : il joua à la paroisse voisine de Saint-Augustin : Saint-Philippe-du-Roule une entrée de célébration, on n’en a nul autre témoignage.

André Fleury fut 18 ans titulaire du grand-orgue (1903-1995), sa haute stature tant physique que morale, et son élégance naturelle le mettent un peu à part dans le paysage organistique du XXème siècle, j’ai eu la chance de le croiser, très sommairement il est vrai, alors que je commençais l’étude de l’orgue, élève de Jean Langlais à la Schola Cantorum de Paris. Je jouais pour l’examen de fin d’année entre autres une pièce de ses « 24 Pièces » et Jean Langlais me présenta à lui. C’est assez plaisant pour moi de me rappeler ceci, il avait été l’élève de Gigout, le premier organiste de Saint-Augustin, et un jour je lui succéderai à ces claviers !

Bien qu’il n’ait pas été organiste attitré dans cette paroisse, il me semble heureux d’évoquer ici Jean-Claude Touche (1926-1944). Son œuvre pour l’orgue (et en général) est très succincte, il perd la vie à dix-sept ans dans les combats de la Libération, secouriste, une balle perdue fauche sa jeune vie au bout de la rue de Rivoli-Place de la Concorde. J’ai appris, en lisant le livre hagiographique que sa mère écrivit, qu’il était un enfant de la paroisse. Très pratiquant il tenait une place remarquée parmi les enfants de chœur (appelés maintenant servants d’autel). Je l’imagine à la place de ceux que je croise en allant à l’orgue avant les offices, des plus jeunes aux plus âgés, sérieux ou farceurs, à la sacristie, dans les escaliers dérobés et les coursives. A l’évidence très doué, il laisse notamment une Pastorale pleine de saveur et des variations sur le Veni creator dont une superbe Toccata sur aux accents tournemiriens et durufléiens si je puis me permettre ces néologismes. Le musicologue Eric Humbertclaude travaille actuellement à une nouvelle édition de son œuvre.

Suzanne Chaisemartin
Un des monuments de l’orgue français au XXème siècle. Si elle ne compose pas, sa carrière de pédagogue et de concertiste l’emmène dans le monde entier où elle porte haut les couleurs de l’École française. C’est bien un honneur que de lui succéder à ces claviers dont elle est maintenant titulaire honoraire. Si je n’étais pas féru, loin s’en faut, de cette tradition symphonique « Dupré » en arrivant à Saint-Augustin force m’est de constater que dans un tel cadre et avec un instrument si porteur le jeu de ce répertoire s’impose.

Et dans une certaine mesure :

Clément Loret (1833-1909), c’est un voisin car Saint-Louis d’Antin est à deux pas. Professeur de Gigout à l’Ecole Niedermeyer il laisse une œuvre moins typée et virtuose que son disciple, mais très intéressante, notamment les Douze pièces de 1895. En 2009 ses descendants, que je connaissais par ailleurs tout en ignorant leur lien de parenté avec Loret dont ils ne portent pas le nom, m’ont demandé pour le centenaire de sa mort de donner un récital et d’organiser une exposition qui rappellent sa place dans la musique de son temps. Ce fut pour moi un grand moment où j’ai pu faire entendre à l’harmonium, en plus des Pièces de 1895 au grand-orgue, son remarquable « Caprice-fanfare ».

Léon Boëllmann (1862-1897), souvent associé à Gigout car celui-ci après sa mort très tôt survenue fit beaucoup pour faire connaître son œuvre. Gigout étant son oncle par alliance, il adopta sa fille. La rondeur des fonds, l’éclat des anches et la beauté des jeux de détails tout cela appelle le jeu de son répertoire pleinement à sa place à Saint-Augustin, où l’orgue est très proche de ce que fut celui de Saint-Vincent de Paul alors qu’il en était titulaire. Sur la photo ci-contre, on l'y voit "dans" cet instrument à la structure si particulière.

Les maîtres de chapelle Jacques (1831-1888) puis François ( 1840-1908) Hochstetter et Armand Vivet (1869-1956) : en 2013 à l’initiative du musicologue Vincent Rollin, spécialiste de la musique religieuse des XIX et XXèmes siècles notamment à Paris, le fond très riche de musique vocale qu’ils avaient composée pour la paroisse fut confié aux archives diocésaines. Ceci en permet une conservation exemplaire et une facilité d’accès simplifiée, toutes choses essentielles pour son exploitation. Ce fut également l’occasion d’un inventaire propre à mettre au jour ces œuvres, reflets d’une  pratique musicale et d’un métier solide, qui pourront sait-on jamais, retrouver leur place lors de célébration ou au concert.

Je n'ai pas à ce jour trouvé de photographies mais je ne désespère pas d'y arriver.

 

 

 

Les grands noms de la musique symphonique pour orgue, Franck, Vierne, Widor mais aussi de moins connus comme Pierné, Mulet ou Dubois se sont inévitablement illustrés à Saint-Augustin, leur répertoire ne peut s’exprimer pleinement que sur un tel orgue.

J’en ai vraiment découvert la richesse en y étant appelé.

Organistes actuels

Christophe Martin-Maëder et Didier Matry,

organistes titulaires des orgues de Saint-Augustin

Chef de chœur

En préparation... Patience !